LE CULTE DE LA FEMME AU XXIème SIECLE

Une doctrine fallacieuse


La soumission et la fidélité des femmes sont désormais des options.

         Le modernisme comme une pandémie s’est attaqué il y a des décades à nos habitudes quotidiennes, à notre alimentation, à nos cultures, à nos croyances. Il y a quelques années, une certaine philosophie scientiste revendiquait  les droits de la femme en proclamant tout haut l’égalité des sexes. Les organismes internationaux, les institutions étatiques, les écoles et les sociétés, ont peu à peu adopté la nouvelle vision tendancielle qui fait de la femme un être très particulier, et donc trop spécial. Dès le XXème siècle, tout bascule pratiquement : une espèce de sexisme phagocyte les sociétés camerounaises. L’instance de la maternité revendique désormais tous les droits jusqu’alors reconnus exclusivement à l’homme. Lors des recrutements officiels, dans les affaires politiques, dans les grandes sphères du domaine de la défense, la femme a un mot, et parfois même plus qu’une décision à prendre. S’agirait-il là d’une offense à l’ordre naturel de l’existence humaine? Serait-on dans le courant du vulgaire dicton d’après lequel « ce que femme veut Dieu le veut » ? Ou alors, les sociétés actuelles seraient-elles victimes du féminisme pur et simple inspiré par les agents de la perdition de ce monde ?
         Dans la plupart des cosmogonies, la femme est un être ayant un statut bien précis : conseillère pour son époux et pour les jeunes filles, mère (ayant pour rôle d’enfanter et de pérenniser la tribu ou la race), confidente (ayant des aptitudes particulières lui permettant de comprendre et de soutenir les autres), chargée du divertissement des enfants et de l’alimentation de la famille. En Afrique, certaines tribus lui reconnaissant ce caractère précieux, interdisent à cette dernière de se mêler des débats houleux, des conflits, des guerres, sauf quand elle atteint l’âge de la sagesse (la vieillesse). D’ailleurs, la Bible et le Coran vont presque dans ce même sens lorsqu’ils font de la femme un être sacré, dans la mesure où celle-ci a pour rôle d’apporter la joie, le bonheur, le réconfort dans la société. De ce point de vue, la femme est le symbole de la neutralité, de la paix, de la soumission (pas au sens de l’esclavage), donc elle est naturellement partisane de la non-violence. Le livre de Paul aux Ephésiens en son chapitre 5, du verset 22 au verset 24 révèle la pensée suivante : « Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Eglise, qui est son corps, et dont il est le sauveur. Or, de même que l’Eglise est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l’être à leurs maris en toutes choses ».
         Cependant,  l’évolution du monde a entraîné de nombreux bouleversements dans la pensée de l’homme et dans le  fonctionnement des sociétés africaines.
         La soumission dont nous parlons ici a d’abord été refusée par les féministes pour qui la femme doit se considérer comme l’égale de l’homme. De leur point de vue, une telle attitude (de soumission) n’est autre qu’une réduction de l’être féminin au rang de sous-homme, une philosophie de domination qui ravale la femme à la classe d’esclave et qui opprime volontairement ses droits naturels. Du coup, le regard des conservateurs s’attaque à cette insurrection audacieuse des féministes. A tord ou à raison, la  morale, les velléités courantes, le nouveau statut de la femme seront remis en cause.
         Sur le plan moral, les valeurs jadis reconnues à la femme s’évanouissent au jour le jour, avec pour conséquence la banalisation du mariage, la vulgarisation du langage ordurier, la dépravation des mœurs observée chez les jeunes filles supposés être encadrés par leurs mères, le vagabondage sexuel.
         Parlant des velléités courantes chez les femmes, on peut citer : le matérialisme généralisé, la quête du pouvoir, la prédisposition à la vengeance et à la méchanceté, la tendance à l’escroquerie, la mesquinerie et la chasse à l’intérêt.
         De ce qui précède, on peut tirer des conséquences quant à ce qui est du nouveau statut de la femme. Aujourd’hui, les penseurs, les artistes et les scientifiques se sont abandonnés à cette doctrine sans doute trompeuse qui place la femme au centre des préoccupations existentielles et humaines. Les chanteurs célèbrent la femme autant que les philosophes, les politiques du monde la vantent au même titre que les courants littéraires. Disons-le de façon claire, le féminisme s’est fait une place de choix dans tous les lieux de la société. On peut même aller jusqu’à affirmer que le culte de la femme est entrain de s’ériger en religion de nos jours. La galanterie tant exigée et imposée aux êtres masculins en tous lieux, elle qui implique la réserve de la place d’honneur à la femme sous prétexte que cette dernière est un être à choyer, à respecter, à vénérer et même à adorer, n’est-elle pas une arme fatale façonnée par les agents de la destruction du monde ?
         De mémoire, avons-nous oublié que c’est Eve, selon la Bible, qui a convaincu son mari de manger du fruit défendu et de se détourner de son créateur ? Bien plus, n’est-ce pas à cause de la totale confiance et de la folle admiration de Dalila que Samson a perdu son pouvoir et sa vie ? De nos jours, on a même assisté à la chute de plusieurs gouvernants et hommes politiques à cause de l’avidité aventurière ou financière et de la trahison de leurs épouses.
          La pensée du monde devrait se méfier de la magnification et même de la divinisation de la femme. Les systèmes de croyance d’une certaine manière subissent  ce bouleversement  de l’ordre divin, avec la promotion de l’extravagance en milieu religieux, à cause de la présence dans les cellules spirituelles importantes des femmes qu’on pourrait apparenter au personnage de Jézabel dans la Sainte Bible. La signification de ce nom est "Baal est l'époux" ou encore "impudique". Elle est un exemple typique de la mauvaise influence qu'une épouse peut avoir sur son mari. Selon le site www.pasteurweb.org/fc/FemmesDeLaBible au sujet de Jézabel, « Nous avons pu comprendre par cette histoire comment agit la force de la séduction. Mais cela ne concerne pas seulement cette Jézabel, femme d'Achab. Dans le monde comme dans les églises il y a de nombreuses "Jézabel" qui par leur pouvoir de séduction entraînent au mal beaucoup de personnes ». Et Pierre-Marie QUITARD de dire : « La femme est un oiseau qu'on ne tient que par le bout de l'aile », in Les proverbes sur les femmes (1861). Autrement dit, la femme est un être insaisissable, profond et mystérieux.
         Toutefois, la nature de la femme et sa valeur sociale ne sauraient épouser des normes arrêtées.  En effet, par expérience, beaucoup d’hommes trouvent les qualités attribuées à la femme légitimes. De leur point de vue, la femme est la boussole qui ramène la société à la raison lorsque les hommes ont adopté l’unique argument de la violence. C’est  à ce titre que Louis PAUWELS déclare : « La femme est une fleur qui ne vit que pour déverser sur un homme un océan d'amour ». S’il est donc établi que l’amour s’oppose à la violence sous toutes ses formes (morale, psychologique, physique, financière, idéologique, spirituelle), la femme selon PAUWELS, en ce qui est des troubles que connaissent nos sociétés contemporaines, est une solution naturelle et fiable. Mais, la femme camerounaise saura-t-elle se reconnaître dans cette nature ? Voit-elle en sa vie la source de quelque solution aux problèmes de sa cité et de son époque ? Vit-elle pour inspirer joie et confiance à son entourage ? Mieux encore, sait-elle que son rôle majeur est non pas de répondre par la violence, mais d’agir par la violence de sa douceur et par la folie de sa passion ?
         Beaucoup d’hommes aimeraient tant vivre dans une cité où les femmes ne se revendiquent pas d’être les égales des hommes pendant les 365 jours que compte chaque année. Non ! Notre société aura sans doute du succès quand chaque femme se fera conseillère positive d’un homme quelque soit son rang social, quand la journée du 8 mars trouvera sa raison d’être dans notre contexte culturel africain, lorsque cette célébration s’inscrira aisément dans la logique de l’ordre du Dieu créateur qui fit de l’être féminin une aide, et non pas une adversaire dont les ambitions ne sont connues que des ombres.

                                                                              Arnaud BAKELAK

CAMEROUN: CRIME CONTRE LE BON SENS

Quand humilité et humanité ne riment pas ensemble, tout devient humiliation !

Nous sommes entre les murs d’une époque, titre annoncé par Arnaud BAKELAK, entourés de grands yeux tout à fait formés dans le contrôle systématique des « mouvements d’humeur » et des « courants de rumeurs ».  Très proches de ces yeux robotisés, on peut voir de gros bras surentraînés dans le massacre des vies et l’anéantissement des libertés. Et si vous me posez la question, celle de savoir à quel siècle se déroule ce film très célèbre, je vous brandirai le calendrier de 2017, année baptisé comme les précédentes, « an de grâce ».
            Ne me demandez donc pas où a lieu le tournage de ce « fameux » film. C’est bien dans « notre pays ». Ce cher « pays » vendu aux enchères de la honte, tirant sa réputation de ceci qu’on y fait de la norme un écart, et de l’écart une norme. 
              Dans cette partie de l’Afrique centrale, les principes relationnels entre riches et pauvres exigent non pas d’user de la force des arguments, mais de laisser libre cours à chaque occasion aux arguments de la force, qui généralement sont déployés au détriment des «du bas-peuple».
            Chez nous, rien n’est normal, sauf la contre-norme. C’est à ce titre que la morale a foutu le camp en cédant sa place à la mauvaise foi et à l’incivisme. Si vous êtes en visite chez nous, ne vous étonnez surtout pas de ce que vous verrez et entendrez dans nos rues. Ici, en pleine capitale, quelques hommes bien sapés se soulagent sur le gazon d’un jardin public ; là, pas très loin, un conducteur de taxi arrose d'insultes une digne femme qui lui a demandé de serrer à droite au moment de transporter son client ; plus loin, un homme vêtu d'une veste menace un commerçant ambulant d'emprisonnement directe parce que la tomate de ce dernier s'est accidentellement déversée sur le capot de sa Mercédès Compressor. Et ce n’est pas tout.
            Chez nous, l’argent et le pouvoir sont les gages d’une vie certaine, même si ces derniers représentent véritablement des armes d’anéantissement de certaines vies. La preuve, regardez-les passer dans ces coins convoités de la place ! Restaurants, snack-bars, hôtels, etc. Ils ont l’air rassurés, la mort n’existe pas pour eux. A un bonjour occasionnel à eux adressé, ces gens vous envoient un regard de réduction et de suspicion. Ils sont au téléphone avec un ton d’autorité, même quand il s’agit de demander simplement au mécanicien quand la réparation du véhicule sera achevée. Pour ces gens-là, Dieu n’existe pas, et ne leur demandez surtout pas de se repentir de leurs fautes. Ils vous diront que la faute vous revient pour être né « pauvre ».
            Chez nous, soyez malade et rendez-vous dans un hôpital public. Hum, si vous êtes piéton du genre apparence douteuse, tenue vestimentaire quelconque, mine de désespoir, l’ignorance et le dédain seront votre plat d’entrée. Bien plus, si vous venez à mettre au monde un bébé dans un de ces centres hospitaliers, la probabilité du vol de votre enfant et celle de votre mort ou de la sienne n’est pas à négliger. Dans ces lieux-là, l’accouchement par césarienne peut vous être imposé pour des raisons secrètement pécuniaires.
            Je disais donc que chez nous, ce qui est admis c’est l’anti-norme. Aucun service n’est dû aux usagers, excepté le service du mépris et de l’arrogance à leur endroit. Dans les ministères, personne ne vous dira exactement la démarche sûre à suivre pour faire aboutir un dossier de rappel, de prise en charge ou d’avancement. Tout le monde le sait curieusement, que pour tel service ou tel autre mérité, il faut céder tel pourcentage de votre « net à percevoir ». Ici, Tout est opaque, tout est flou selon l’expression saisie de tous. Je tiens à le dire, en fait, la situation est même très grave !
            Chez nous, certains hommes d'églises sont en « mission spéciale » ! Ces gars s’acharnent avec instinct de chasseurs sur les adolescents qu’ils sodomisent diaboliquement et avec frénésie. N’essayez pas de les dénoncer. Non ! Surtout pas. Ce sont les partenaires des institutions et des hommes « exceptionnellement puissants». C’est pour ainsi dire qu’ils sont forts et intouchables au sens propre et au sens figuré.
Chez nous, le citoyen est la chose qui peut soucier le moins le gouvernement. On ne vaut rien quand on est de cette fameuse nationalité. On peut mieux accorder du respect à un chien d’enclos qu’à un futile être originaire de cette terre. Ici, l’expatrié passe avant le citoyen. Déposez une plainte dans un commissariat contre un expatrié, vous verrez sans étonnement que le gars aura très vite gain de cause, car dit-on, « nous sommes un peuple de paix ».
Chez nous, les soldats et les policiers n’ont pas le devoir de protéger la masse, leur rôle c’est d’attendre le moindre soulèvement et d’obéir aux ordres qui supposent généralement une bastonnade légendaire, une arrestation immédiate ou un effacement réel. Et cela n’inquiète personne, cela ne fait de mal à personne ! 
Sommes-nous donc  juste des créatures ayant échoué dans l’aire de l’humanité sans pour autant en faire partie ? N’est-ce pas à ce moment que la question de la dignité humaine devrait surgir dans nos consciences ? Ce pays médite-t-il encore sur son nom de nation? Avons-nous tous la même conception de notre pays? sommes-nous réellement tous des patriotes? Que de questions traumatisantes qui se bousculent dans les cervelles encore vivantes. La conscience positive de notre histoire est-elle simplement un leurre?
L’humanité dans notre pays a pris des distances vis-à-vis de l’humilité. Nous sommes humains visiblement, mais  à s’en tenir à nos habitudes, la société des moutons est à envier à la nôtre. Vivement que nous sortions de notre torpeur!
                
       Arnaud BAKELAK, Peuple sans carnet, 2017.


LE PARADOXE DE L'ART CAMEROUNAIS

Le Théâtre Facile

         La scène des mœurs camerounaises se serait-elle transformée en lieu de banalisation des valeurs? 

            La vulgarité gagne du terrain tous les jours dans les rues et dans les ménages.
Dans l’étude du théâtre facile au Cameroun, la règle des trois unités fonctionne bien puisque la vie est devenue une scène qui allie aisément le divertissement à nuisance au suivisme à outrance. Il est remarquable que la musique de chez nous, au lieu d’adoucir les mœurs, les rend plutôt rugueuses. Entre tapage, cadence folle,  verbiage et sornettes, aux côtés des breuvages (bière, vins, spiritueux les plus agressifs de ce siècle), le son des casseroles s’est vite trouvé un refuge en s’y construisant progressivement un boulevard de pouvoirs divers. Le premier pouvoir de la musique camerounaise est de faire confondre l’utile au futile : ceci implique que tout ce qui relève de la morale ou du bon sens est considéré comme une contre-norme, ou plutôt comme un acte de naïveté volontaire. 
 
 Le renversement de l'ordre des valeurs s'enracine: l'éducation arbore le manteau de la perversion.
Le deuxième pouvoir est sa capacité à remplacer l’harmonie des sons par la folie des troncs : A ce niveau, les sons et les percussions sont sélectionnés parmi les plus vulgaires (généralement synthétisés) pour pou



voir servir aux sens l’illusion de la folie, le chemin du dérèglement, et par ce fait même provoquer chez le danseur une attitude libertine qui côtoie très souvent sinon la perversité, la provocation ou la débauche dans tous ses aspects. Aussi, les camerounais ont-ils remporté la distinction séculaire de la vanité : Faire de la musique au Cameroun, c’est désormais faire allusion à l’argent, aux dessous de la ceinture, à la luxure, pour tout dire aux plaisirs totaux, entiers et libres. 
 
L'art et le théâtre se font loin de la cervelle et de la conscience humaine.
Voici donc pour vous la scène camerounaise, un théâtre de velléités douteuses et d’entreprises cloueuses. C’est le théâtre camerounais du siècle.  Comment cerner la théorie de la règle ternaire du théâtre classique dans ce contexte ? Comment comprendre cette forme de théâtre contemporain sur la base des théories classiques liées à la dramaturgie ? N’est-ce pas dans cette logique que clamait Nicolas Boileau dans L’Art Poétique « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » ?
Dans cette mesure, l’on déduirait, parlant de la conduite des jeunes camerounais de ce siècle, que :
-l’unité de lieu : Ce sont les bars,
-l’unité d’action : la consommation de l’alcool, des stupéfiants et de la musique perverse,
-l’unité de temps : 24heures/24, 7 jours/ 7.
                                                                                 
 Arnaud  BAKELAK

LE DIVORCE: SOLUTION OU POLLUTION SOCIALE

      Le divorce est par définition la rupture légale du mariage, ce qui implique au préalable que l'homme et la femme doivent être mariés officiellement. De nos jours, le phénomène de divorce gagne de plus en plus du terrain en Afrique. Au Cameroun, on a tendance à penser que la plus part des mariages sont juste des formalités qui se révèlent au moment des plaintes mutuelles relevées au sein du foyer. Cependant, le divorce est-il un fait qui pollue le climat social? Devrait-on au contraire penser que ce phénomène est une solution sociale aux unions sans conviction aucune et sans engagement réel? Face à cette question posée, la réponse ne coule pas de source, d'autant plus que pour certains le divorce est une option légitime alors que pour d'autres, divorcer c'est prouver son immaturité et son caractère volage. 
            L'époque de la dévotion amoureuse et de la consécration de l'intimité semble révolue. La culture positive jadis ancrée en Afrique s'est évaporée sous le poids violent et persistant du modernisme. De nos jours, matérialisme, calcul d'intérêts, jeux de positionnement, sont aux nombre des motivations extrinsèques qui guident les femmes, mais dans certains cas les hommes désireux de se marier. Du coup, les traditions se sont maquillées aux couleurs du capitalisme à outrance et de l'intolérance  maffieuse. Certaines tribus sont d'ailleurs réputées pour être les spécialistes du mercantilisme sentimental. Ainsi, pointe-t-on généralement du doigt les Eton, les bulu, les Ewondo, les Bassa, les Maka, pour ne citer que celles-là. Amour ou opportunité d'affaire? mariage ou business? comme disait l'anglais: "That is the question". 


               D'un côté, il y a l'immense bande de filles abandonnées sur la route des promesses d'amour ou de mariage, par quelques jeunes hommes abattus par les exigences exorbitantes de la dot; d'un autre il y a les vieilles filles qui se rendent compte du temps vite passé dans le "jeu de la vie"; et qui décident d'être à l'orée de leur ménopause de femmes gentilles.
                N'oublions pas la bande de ces gamines blasées par leurs 20 premières années de vie dans une pauvreté indescriptible, qui s'engagent "sentimentalement" pour le crépissage du mur principal de la maison familiale ou pour la réussite scolaire d'un cadet. Et la liste n'est pas exhaustive. Les jeunes anciennes villageoises qui découvrent Yaoundé ou Douala pour la première fois, et qui se rendent compte de ce qu'elles peuvent être courtisées. Là alors, c'est juré pour une prise en charge générale: on doit opérer les habitudes sans anesthésie parfois, pour corriger l'accident ou l'incident génétique. Cela a souvent l'air d'une mission accomplie quand l'argent qui rend toutes les femmes dociles pleut constamment. 
                  Le plus grave, ce sont ces filles qui se font appeler "BORN AGAIN", c'est-à-dire nées de nouveau. Elles se collent aux programmes de prière et de délivrance comme des sangsues, sucent les prophéties des pasteurs comme des abeilles, dansent et crient fort à l'arrivée d'un nouveau fidèle, surtout quand au moment de la présentation de ce dernier il déclare être fonctionnaire et célibataire. 
                 C'est dans ces conditions que le mariage gagne la scène théâtrale. Des fiançailles en éclairs, des préparatifs pompeux, des aveux de circonstance, une nuit de miel pour agrémenter le scénario. La suite chers invités, c'est au domicile conjugal, un à trois mois après, lorsqu'on se rend compte que le mensonge n'a pas de longues jambes ou quand on est fatigué de jouer un rôle mal choisi. S'en suit donc les querelles, les bras de fer, la distance, les nouvelles conquêtes, l'adultère, la haine, et plus tard l'envie de tout quitter. 
                 Le divorce est finalement convoqué. il est même invoqué, et certains vont jusqu'à croire qu'ils n'ont pas besoin de légalité pour claquer la porte. Il est toutefois important de noter que, parlant des responsabilités dans les ruptures de mariage, l'on ne saurait désigner uniquement les femmes. Les hommes excellent aussi bien que les femmes dans cette maladie séculaire de la chasse à l'intérêt et de l'immaturité au moment de se marier.
                Quant aux conséquences, vous les connaissez sans doute. pacte de confiance brisé, familles dissociées, enfants tiraillés, rancunes grandissantes, conflits liés aux biens, dégâts psychologiques, sorcellerie, mort même dans certains cas. 
                  Que pensez-vous du divorce? A qui devrait-on attribuer la faute? Devrait-on à chaque occasion en arriver là? Notre génération doit-elle légitimer cette pratique au détriment des valeurs jadis vantées chez nous? 

                                              Arnaud BAKELAK

LA PAUVRETÉ EST JUSQU'ICI LEUR SEUL PARTAGE

Dans ce témoignage, découvrez le quotidien de quelques êtres oubliés.

 

                        L'Afrique! Une terre de prodiges, un continent aux cultures et valeurs diverses, un monde de contrastes troublants, où le paradoxe de la misère a depuis des décades élu domicile. C'est ici qu'on retrouve les pays les plus diversifiés du point de vue des ethnies qui les composent, c'est aussi en Afrique qu'on connait les plus vieux gouvernements au monde, certains composés d'administrateurs qui tutoient paisiblement le siècle de longévité. 

                 J'ai parcouru les rues le matin d'un certain samedi du mois de novembre 2018, défiant lors d'une séance de Jogging les quelques collines qui mènent à l'université de Ngoa-Ekelle à Yaoundé. Trainant un vieux sac vide sur lequel on a délicatement attaché le manche d'un parapluie, épuisé de déchirures causées par les nombreuses et diverses intempéries, soigneusement rafistolé de cent et un lambeaux de tissus de toutes sortes, Je les ai observés un instant. Ils étaient au nombre de trois: une fillette et deux garçons, âgés entre 10 et 12 ans. se tenant par la main. Ils cherchaient tous à traverser la route surexploitée à cette heure de la journée. Il n'était que sept heures par-là, pourtant les routes souffraient déjà du poids insolent des véhicules célébrant une nouvelle liberté qui se proclamait de temps à autre au moyen d'un coup de klaxon. 

            Les trois petits enfants attendaient toujours l'occasion de traverser la route. Je m'approchais, je leur dis un bonjour rassurant. "Je vais vous aider les enfants", j'ajoutais. Mais, leurs yeux ahuris me laissèrent croire qu'ils étaient davantage inquiets. Je lançais un autre "bonjour" qui ne reçut aucune réponse. Je pensai immédiatement que les petits ne comprenaient pas "ma langue". J'optai pour l'anglais. "Good morning dear kids", lançai-je. Ils me répondirent, un peu rassurés, mais timidement. "Ah, des enfants anglophones", fis-je intérieurement.

                Je leur proposai mon aide qu'ils acceptèrent. Alors, je leur fis traverser la route. Une fois de l'autre côté de la route, je leur demandai d'où ils venaient et où ils allaient. Ils me firent savoir qu'ils allaient au marché afin de trouver un moyen de travailler en tant que vendeurs ambulants. Ces Trois enfants, très tôt tous les matins, se rendent dans un marché de la place, se présentent à certains boutiquiers ou gérants de magasins. Ils doivent par la suite recevoir chacun un lot d'articles à transporter sur leurs têtes, qu'ils doivent vendre en serpentant toute la journée durant, les artères qui environnent le marché. Ils doivent affronter et les nombreux clients qui ne s'expriment qu'en français, humeur épidermique, et le soleil ou parfois la pluie, sans oublier la faim, car le but visé est de rentrer à la maison avec chacun 500 francs CFA environ, tous les soirs. Habités par un courage dont seul le ciel sait l'origine, les trois orphelins marchent, se retournent, s'arrêtent, proposent  leurs produits, parfois d'une voix affaiblie par le traumatisme dont ils sont victimes. Leur visage dit un peu de ce qu'ils subissent chaque jour, leur regard supplie la clémence de monsieur tout le monde, mais leur entourage est trop préoccupé à vivre, vivre chacun pour lui-même, vivre sans se soucier de ceux qui n'ont plus ni espoir, ni soutien, ceux qui n'ont autre choix que de survivre au rythme de l'instinct qui agit toujours en eux.  
               Ils sont originaires de la région du Nord-Ouest du Cameroun. Ils ont perdu là-bas leurs parents ainsi que leur sœur aînée. Une voisine ayant réussi à prendre contact avec leur tante installée à Yaoundé avait réussi à les expédier comme des vulgaires colis à la capitale par le biais d'un "Gros porteur". 

             Arrivés à Yaoundé, ils furent reçus, mais une nouvelle phase de leur misère les attendait. La tante qui les reçut souffre depuis trois ans d'un mal dont elle n'a pu guérir jusqu'ici. Femme solitaire, ancien commerçante, affligée par la brutale disparition des membres de sa famille du fait de la crise qui sévit dans les régions dites anglophones, elle ne peut plus vaquer à ses activités quotidiennes. Auparavant, elle avait la charge de soutenir sa défunte sœur ainsi que ses deux frères (tous décédés) dans le financement de l'éducation de leurs enfants respectifs. Elle, contrainte de payer le loyer (une chambre pour laquelle elle verse environ 12.000 Francs CFA chaque mois au propriétaire), n'a eu autre option que d'initier ses neveux à la pratique de la débrouillardise, afin de survivre en attendant la fin. 

                De quelle fin s'agira-t-il cependant? De la fin de sa vie ou plutôt de la fin de sa misère? Et si sa vie venait à prendre fin, que deviendraient les trois enfants? Ces orphelins qui n'ont jamais demandé à naître dans une zone anglophone, j'allais dire dans une région frappée par une crise inattendue? Comment et où vivraient-ils? Qui de la société et de l'ensemble des pouvoirs publics prendrait en charge leur destin? Qu'ont fait ces enfants au monde pour mériter toute cette galère? Pour l'instant, ils n'ont pour partage que cette pauvreté et cette tristesse qui les fait périr psychologiquement, mais aussi physiquement, un peu plus chaque jour. Ils ne connaissent plus depuis de nombreux mois le chemin qui mène à une école. Ils ont pris ce chemin, celui qui mène à l'école de la souffrance, au lendemain de l'incertitude et de la permanente résignation.   

                      De mon point de vue, notre gouvernement pourrait envisager le recensement des déplacés internes victimes de la crise anglophone, dans toutes les grandes métropoles où ceux-ci ont pu trouver refuge, afin d'envisager une réelle prise en charge de ces personnes qui ont tous besoin de notre attention, de notre aide, de notre amour. Cette initiative valoriserait sans aucun doute la politique  des grandes opportunités du président réélu.

                                                                       Sauvons l'harmonie sociale au Cameroun.

                                                                         Arnaud BAKELAK