Aleba Nabeb espérait revoir le
précieux visage de l'homme qu'elle dessina toute sa vie d'énormes rêves et de
projets audacieux. Mais, sur ses légers pas d'espionne mal dressée, au
craquement strident d'un emballage de biscuits, s'en suivit un violent et
persistant aboiement de chien. Toute la cour tremblait. Un instant, une
seconde, un stop, une peur. Et voici le souffle de la jeune orpheline qui se
retint, tel celui d'une gigantesque tortue dans les pleins fonds marins. Une
lumière naquit, une ampoule électrique luisît, une autre encore et encore une
lumière plus vive et plus répandue [...] Le chien continuait d'aboyer, faisant
vibrer du son de sa gueule, en écho dédoublé l'atmosphère de ce quartier
démarqué. Puis, la voix reprit "Dick, cherche et attaque!" Elle ne
s'était pas rendue compte que le chien venait d'être déchaîné, elle le sentit
brusquement sur son visage, pointé d'un bon miraculeux, technique de véritable
fauve. Elle voulut se relever, elle tenta de s'enfuir, mais l'animal déchirait
déjà son visage, lui plantant ses crocs dans le cou et les seins...
Arnaud Bakélak, Entre les Murs d’une époque
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